1098 - 1179
Hildegard est née à Bermersheim près de Mayence,
dans une famille noble et dévote, dixième enfant de Hildebert
von Bennersheim et Mechthild von Merxheim. Mais la date et le lieu de
naissance ne sont que des hypothèses, car aucun texte de l'époque
ne les mentionne avec précision. A l'âge de 8 ans ses parents
la confient à Jutta von Spanheim, une recluse qui habite un ermitage
rattaché au monastère de Disibodenberg. A 16 ans (entre
14 et 16 selon les sources) elle entre dans les ordres.
Sa santé est fragile et les visions qui avaient fait d'elle une
enfant singulière continuent. D'après la description que
Hildegard donne de ses visions, de ce qui les annonce et de ce qui les
suit, elle souffrait de migraine avec aura (C'est la thèse d'Oliver
Sacks dans Migraine, Éditions Du Seuil, 1986).
Cette forme de migraine se caractérise par l'apparition de troubles
sensoriels transitoires précédant ou accompagnant le mal
de tête. Ces troubles sont surtout visuels et prennent la forme
de taches colorées, brillantes et mobiles, ainsi que d'une vision
floue. Mais ils peuvent également êtres suivis d'hallucinations
auditives, comme c'était apparemment le cas chez Hildegard. Des
troubles tactiles tels que des fourmillements et des picotements, des
troubles du langage ou encore des hallucinations olfactives ou gustatives
sont également possibles. Elle décrit également l'état
euphorique qui suit la crise. A cette époque Hildegard ne parle
de ses visions qu'à Jutta qui partage le secret avec le moine Volmar.
Ce dernier deviendra plus tard le secrétaire et ami de Hildegard.
Tout au long de sa vie, Hildegard von Bingen insiste sur le fait qu'elle
n'est qu'une simple femme sans aucune érudition et que son savoir
et sa compréhension des textes lui viennent directement de Dieu.
Après la mort de Jutta von Spanheim en 1136, Hildegard est élue
à la tête du couvent.
En 1141, elle a reçoit « d'en haut » ce qu'elle considère
comme un ordre divin d'écrire ses visions. Mais elle est réticente
à les divulguer, et tombe malade. Elle considère son épreuve
comme une punition pour sa désobéissance. Elle commence
alors à rédiger, avec l'aide du moine Volmar son premier
livre, le Scivias. Mais les doutes ne la quittent jamais totalement.
Elle sollicite alors, et obtient, les encouragements de Bernard de Clairvaux
et ceux du pape Eugène III, qui lui donnent la force de continuer
à transcrire ses visions et les méditations qui les accompagnent.
Après beaucoup de résistance de la part d'une partie de la hiérarchie ecclésiastique, elle reçoit en 1147 l'autorisation officielle du Pape pour rendre public ses écrits. Cette autorisation renforce son autorité et son importance politique. Mais depuis cette publication elle se bat pour définir le degré d'autorité qu'elle possède au sujet de l'interprétation de ses propres textes. Elle correspond avec bon nombre de personnalités éminentes, aussi bien laïques que religieuses tel que le pape, l'empereur, divers cardinaux, évêques, et princes.
Malgré le fait que sa ferveur mystique et sa conception de l'ascèse déplaisent aux bénédictins, elle rassemble autour d'elle pas mal de femmes qui partagent ses idées. Elle tombe en désaccord avec l'abbé de Disibodenberg mais grâce à son prestige de visionnaire et à ses relations politiques et sociales elle a suffisamment d'influence pour pouvoir fonder en 1150 son propre couvent à Rupertsberg, près de Bingen. Elle réussit à obtenir la garantie de son indépendance juridique par les autorités ecclésiastiques et politiques.
Durant les années qui suivent elle écrit non seulement deux livres à propos de ses visions le Liber vitae meritorum (Le Livre des mérites) et le Liber divinorum operum ( Le Livre de l'uvre Divine) mais aussi deux ouvrages à propos de la nature et de médecine Physica et Causae et Curae. On a démontré récemment qu'elle participa également à la création des enluminures de son livre Scivias.
Hildegard von Bingen écrit également des chants et compose des morceaux de musique impressionnants, dans un registre bien plus étendus que ces contemporains.