Marija Konstantinovna Bashkirtseva naît le 24 novembre 1858 è Gavronzi, en Ukraine dans une famille de noblesse provinciale. Ses parents sont séparés et son enfance se déroule chez sa mère, dans la province de Kharkov.
A 12 ans, après plusieurs séjours è Vienne, Baden et Genève, elle s'installe avec sa famille dans une villa qu'ils acquièrent à Nice. La petite colonie russe se compose de sa mère, son grand-père, sa tante, son oncle, son frère cadet Paul, sa cousine Dina et un médecin, ami de la famille.
En 1872 Marie à 14 ans et elle commence à rédiger un journal sans pudeur
qu'elle ne cessera d'écrire que le 20 octobre 1884, 11 jours avant sa
mort. C'est un journal remarquable à plus d'un titre car Marie y dévoile
toutes ses pensées les plus intimes, décrit sa famille, les milieux mondains,
politiques, bourgeois et aristocratiques de cette époque Fin de Siècle.
Elle se fait critique de peinture, de musique, de littérature, et même
de mode. Elle fait des petits reportages sur les événements qui l'interpellent.
Les premières éditions de son journal ont été fortement censurées par
sa famille et plusieurs pages du manuscrit ont été arrachées. Récemment
il a été reconstitué en grande partie, et réédité. Il est régulièrement
cité dans les études sur le narcissisme et l'hystérie.
Elle dit n'être rien et vouloir tout, elle est traumatisée par la perspective
de mourir sans avoir connu la gloire et d'être oubliée par la postérité.
Marie Bashkirtseff s'aime beaucoup. Songeons qu'elle désire poser nue
dans l'atelier « des messieurs » parce qu'il n'y a rien de plus
beau que son corps. « C'est un vrai péché, une infamie de ne pas
me faire sculpter ou peindre. De pareilles beautés, c'est comme un musée
ouvert à tout le monde », précise-t-elle
Toujours excessive elle se plonge dans des études d'anglais, d'allemand, d'italien, de grec et de latin et, en même temps, elle se consacre méthodiquement à la musique. Elle joue du piano, de la harpe et apprend le chant. Elle avait, paraît-il, une voix magnifique mais malgré quelques auditoires elle ne parvient pas à entamer une carrière de chanteuse. Bientôt la tuberculose, qui affecte d'abord sa voix, puis, en 1880, son oreille, détruira tout espoir de se lancer dans une carrière musicale. C'est à ce moment que, toujours avide de reconnaissance et de célébrité, elle se tourne vers la peinture.
À 19 ans, elle incite sa famille è vendre la villa de Nice pour déménager è Paris, avec l'intention de commencer ses études à l'École des Beaux-Arts mais celle-ci étant interdite aux femmes, elle s'inscrit à l'Atelier Julian, la seule école offrant aux femmes artistes un enseignement du même niveau. Elle y fait son apprentissage sous la direction de Tony Robert-Fleury, puis sous celle de Jules Bastien-Lepage. C'est aussi l'époque des premières cures balnéaires.
En 1880 sa maladie s'aggrave et elle commence à avoir des problèmes d'ouïe. Elle participe au Salon avec un portrait de sa cousine Dina qu'elle signe Maria Constantinowa Russ. En 1881 Marie publie, sous le pseudonyme de Pauline Orrel, différents articles dans la revue féministe La citoyenne. Elle fait un voyage en Espagne et signe ses toiles du pseudonyme Andrey.
Ses flirts sont toujours furtifs et éphémères : d'abord, le Comte Pietro Antonelli, neveu du cardinal le plus puissant, à Rome; puis, le Comte de Larderel, à Florence. Paul de Cassagnac éveille en elle la passion la plus ardente. Mais ignorée par ce fougueux bonapartiste, la blessure prend beaucoup de temps à cicatriser. Peut-être par dépit, elle imagine un mariage avec Léon Gambetta, un célèbre républicain de l'époque. En 1884, à trente cinq ans, son ami le jeune peintre Jules Bastien-Lepage revient presque mourant d’Algérie, à cause d’un cancer à l’estomac. Marie Bashkirtseff agonise aussi; ce sont ses derniers mois mais elle traverse quand même Paris maintes et maintes fois pour le soulager par sa présence. Même si elle a aussi besoin d'être consolée, elle se montre heureuse de brûler les jours qui lui restent dans cet idylle.
Fortement influencée par le naturalisme elle nous offre néanmoins un monde pictural personnel et original. Elle choisit de devenir le peintre de la rue et de ses misères. Elle veut être « le Jules Bastien-Lepage des villes ». Ces représentations sans mièvrerie, peintes d'une manière solide et hardie, contrastent singulièrement avec l'élégance de Marie et le raffinement extrême de son quotidien. Mais ce contraste n'est finalement que le reflet de sa personnalité excessive toute en contradictions. Marie est une aristocrate avec des idées républicaines, tendre et ironique, sensible mais colérique et violente, très intellectuelle et capable d'enfantillages, affolée de mondanités et éprise de solitude studieuse.
Durant des décennies, l'œuvre de Marie Bashkirtseff souffrit de l'ostracisme qui frappa l'art traditionnel de la fin du XIXe siècle (baptisé aussi art académique, pompier, officiel), c'est-à-dire l'art n'appartenant pas à l'avant-garde impressionniste.
Durant la deuxième guerre mondiale une grande partie de son œuvre fut détruite, seulement une soixantaine de toiles nous sont parvenus.