Adélaïde Labille-Guiard

Adélaïde Labille-Guiard, Autoportrait
Autoportrait
env. 1775
miniature1

Paris 1749 - 1803

Adélaïde naît à Paris le 11 avril 1749 du mercier Claude-Edmé Labille et de Marie-Anne Saint Martin. Le commerce de son père « La Toilette », situé rue Neuve des Petits-Champs près du palais royal et du Louvre, est renommé pour sa clientèle élitaire et ses vendeuses. Sa mère qui a été malade pendant toute l'enfance d'Adélaïde meurt en 1768. Selon une lettre écrite par Labille-Guiard en 1783 sa mère aurait eu huit enfants, mais elle est la seule être resté en vie. Laissée en grande partie à elle même, elle se tourna vers la communauté dynamique de son voisinage composée d'artistes, pour s'instruire et trouver du support. Dans son adolescence, elle commence à étudier avec le miniaturiste et portraitiste suisse François-Élie Vincent, dont Adélaïde épousera à la fin de sa vie le fils François-André. En 1769 elle est admise à l'Académie de Saint-Luc. En 1774 elle réalise des pastels après avoir suivi les cours de Maurice-Quentin de La Tour. C'est seulement en 1777 qu'elle commence à peindre à l'huile, technique à laquelle François-André Vincent l'a initiée.

En 1769, elle contracte un premier mariage avec Nicolas Guiard, mais dix ans plus tard les époux se séparent et, en 1799, elle épouse François-André Vincent, devenu peintre d'histoire de l'Académie. Ce mariage dure jusqu'à la mort d'Adélaïde mais ils n'auront aucun enfant. Cependant, deux de ses élèves, Marie-Gabrielle Capet et Marie-Victoire d'Avril, partagent son foyer pendant une grande partie de sa vie.

Labille-Guiard maîtrise admirablement la peinture à l'huile, le pastel et la miniature, mais on sait peu de choses sur sa formation. Elle aurait appris la miniature auprès de François-Élie Vincent et la peinture à l'huile auprès du fils de ce dernier, François-André, par la suite son mari. Parce qu'elle est une femme, Adélaïde ne peut entrer aux ateliers de l'Académie, où de nombreux artistes sont formés. Néanmoins, elle parvient à mener sa carrière par d'autres voies. Son premier contrat de mariage indique qu'elle appartient à la guilde de Saint-Luc, où elle expose des miniatures et des pastels. Ce qui ne manque pas de scandaliser ses contemporains qui trouvaient déshonorant qu'une femme montre sa production en public.

Le 31 mai 1783, elle est admise à l'Académie royale de peinture et de sculpture, qui n'autorise alors que quatre femmes parmi ses membres. Le succès qu'elle remporte au Salon de 1783 est toutefois entaché par un scandale. Un pamphlet diffamatoire, intitulé Suite de Malborough au Salon 1783, accuse Labille-Guiard de comportements éthiques et sexuels inconvenants. Elle aurait exposé des œuvres de François-André Vincent sous son propre nom, et aurait connu deux mille amants - car « vingt cents » équivaut à deux mille. Elle demande alors à la comtesse d'Angiviller - à la fois sa mécène et l'épouse du directeur général des Bâtiments du roi - d'intercéder en sa faveur. Elle obtient ainsi la suppression du pamphlet, mais des allégations similaires continuent à ternir sa réputation. La peintre connaît ses plus grands succès entre 1785 et 1789. Au Salon de 1785, elle expose son premier portrait de groupe en pied, Mme Labille-Guiard et ses élèves, Mlle Capet et Mlle de Carreaux de Rosemond. En 1787 et 1789, elle réalise les portraits de Mesdames Adélaïde, Victoire et Louise-Élisabeth, filles de Louis XV. Les livrets du Salon de cette période mentionnent Labille-Guiard comme le premier peintre de Mesdames. En 1788 le comte de Provence, frère de Louis XVI, demande à l'artiste d'exécuter son portrait au milieu d'un groupe de personnages.

À partir de 1789, ces relations durement acquises au sein de la famille royale la rendent suspecte aux yeux du pouvoir. Entre 1789 et 1791, Labille-Guiard affiche de nouvelles idées politiques. En 1789, elle fait une donation patriotique à l'Assemblée nationale. Au Salon de 1791, elle expose treize pastels représentant des députés. Au sein de l'Académie, elle se prononce en faveur de changements modérés dictés par la raison. En novembre 1791, lorsque l'Assemblée ordonne à Louis XVI de se faire peindre, transmettant la Constitution au dauphin, les artistes sélectionnés sont Labille-Guiard et Jacques-Louis David. Lorsque des forces radicales prennent le contrôle de la révolution, Labille-Guiard se retire de la scène publique. En 1793, plusieurs de ses œuvres sont détruites par décret officiel. Son départ de Paris lui a probablement sauvé la vie. De 1792 à 1796 elle vit avec Vincent, Capet et d'Avril dans une maison achetée en commun à Pontault-en Brie. Lorsqu'elle revient ensuite à Paris, elle se voit accorder au Louvre le logement d'artiste si longtemps recherché. Durant ses dernières années, Labille-Guiard expose aux Salons de manière irrégulière. La classe des Beaux-Arts, qui désormais remplace l'Académie royale au sein de l'Institut de France, n'admet pas les femmes.

Autoportrait de Adélaïde Labille-Guiard avec ses élèves Marie Gabrielle Capet et Carreaux de Rosemond
Autoportrait avec ses élèves Marie Gabrielle Capet et Carreaux de Rosemond
1785
Huile sur toile 211 x 151 cm
Metropolitan Museum of Art - New York
Portrait de François Vincnet par Adélaïde Labille-Guiard
François-André Vincent (son futur mari)
Vers 1795
Huile sur toile 59 cm x 73 cm
Musée du Louvre
Adélaïde Labille-Guiard, Portrait de Madame Adélaïde de France
Adélaïde de France
1787
Huile sur toile - 271 × 194 cm
Palais de Versailles
Le sculpteur Augustin Pajou par Adélaïde Labille-Guiard
Le sculpteur Augustin Pajou
Vers 1783
Pastel sur papier - 71 cm x 59 cm
Musée du Louvre

Lien :

Article de Laura Auricchio : Self-Promotion in Adlade Labille-Guiard’s 1785 Self-Portrait With Two Students (Anglais)