Louise Breslau

Louise Breslau, Autoportrait
Autoportrait
1904
Musée des Beaux-Arts de Nice en 1901

1856-1926

Maria Luise Katharina Breslau est née le 6 décembre 1856 à Munich, mais elle passe son enfance à Zurich, où son père, qui est obstétricien, enseigne à l'université. Louise est asthmatique et ne va pas souvent à l'école et pour sortir de cette solitude elle lit et elle dessine. Après la mort de son père en 1866, on envoie Louise pendant de longues périodes dans un couvent près du lac Constance dans l'espoir de soulager son asthme. En plus, elle doit aider sa mère pour élever ses trois soeurs, les deux jumelles Maire-Henriette, Emma et Bernhardine.
À partir de 1878, encouragée par sa mère, elle suit les cours de l'école du portraitiste Eduard Pfyffer Louise

Breslau, qui choisit volontairement la peinture comme profession, veut se former , apprendre, puis s’assumer professionnellement comme artiste. Ne venant pas d’une famille suffisament aisée, elle doit vraiment peindre pour vivre. Une nouveauté que même les critiques contemporains souligneront.

En 1876, déçue par l’enseignement reçu en Suisse, elle obtient de son tuteur d'aller étudier à Paris à la condition de ne jamais dessiner un homme nu. Elle s'inscrit à l'Académie Julian qui vient d'ouvrir ses portes aux femmes et démocratise un peu l'enseignement où les maîtres de quelque renommé ne prenaient dans leur atelier personnel que de rares privilégiées fortunées. Elle y rencontre la Russe Marie Bashkirtseff, la Française Jenny Zillhardt, la Suisse Sophie Schaeppi et l'Irlandaise Sarah Purser. L'amitié de ces trois dernières l'accompagnera toute sa vie.
Rodolphe Julian, le fondateur de l'académie, était impressionné par son talent et prédisait que son œuvre remporterait un large succès. Cela fut effectivement le cas.

En 1879, Breslau emménage avec Sophie Schaeppi et la chanteuse Maria Fuller dans un grand appartement situé avenue des Thermes, créant ainsi une de ces nombreuses petites communautés féminines qui vont fleurir jusque dans les années 1910. C'était un moyen astucieux pour partager les frais de location d'appartement et de modèles, pour se garantir un soutien moral, une vie sociale et une vie affective et parfois amoureuse.
Cette même année Louise Breslau est la seule élève de l'académie Julian à exposer au Salon, ce qui fera pas mal de jaloux. À partir de ce moment, elle commence à recevoir des commandes de portraits. Elle en exécute la plupart au pastel, réservant la peinture à l'huile pour ses créations personnelles. Amatrice de peinture hollandaise, elle s'attache à faire varier les éclairages sur les visages. Pour travailler en plein air, elle parcourt la Bretagne, destination privilégiée par les artistes depuis les années 1880. Les académies fermant l'été, la peinture en plein air permet de trouver des modèles parmi la population locale et de s'exercer à moindre coût.

Elle expose régulièrement au Salon, et est, après Rosa Bonheur, la seconde femme à y recevoir une médaille d'or et la première dont une œuvre est achetée par la Ville de Paris. Elle reçoit également la médaille d'or de première classe à l'occasion des expositions universelles de 1889 et 1900.

En 1884 elle rencontre Madeleine Zillhardt à l'Académie Julian, qui lui demande de faire son portrait. Dès le début un lien fort se crée entre les deux femmes.

Après une brève liaison avec le sculpteur Jean Carriès en 1886, Louise Breslau choisit de partager sa vie avec Madeleine Zillhardt et en 1902 elles vont habiter ensemble dans leur atelier à Neuilly-sur-Seine.

Pendant la guerre, bien que naturalisée suisse depuis de nombreuses années, Louise a fait montre de loyauté envers la France en faisant de nombreux portraits de soldats et d’infirmières français en route pour le front.
Après la guerre, en 1918, les commandes diminuent, malgré quelques tentatives pas toujours réussies pour assimiler les nouvelles tendances, Louise Breslau n'est plus une artiste à la mode. Elle passera beaucoup de temps à peindre les fleurs de son jardin et à recevoir ses amis. Excepté dans de rares publications sur l'histoire de l'Académie Julian où figurent quelques-uns de ses tableaux, Breslau et son travail tombent dans l'oubli.

Le 12 mai 1927, Louise Breslau meurt à la suite d’une opération, elle est enterrée à côté de sa mère dans la petite ville de Baden, dans le canton d’Aargau en Suisse.
En 1930 Madeleine Zillhardt fait don d'une soixantaine de dessins, pastels et tableaux au Musée des Beaux-Arts de Dijon, et en 1932 elle écrit Louise Breslau et ses amis édité aux Éditions des Portiques, Paris

Louise Breslau, La liseuse
La liseuse
1891
Huile sur toile
Louise Breslau, Les amies
Les amies
Louise Breslau, Contre jour
Contre jour
Louise Breslau (en tablier blanc) et Madeleine Zillhardt
1888
Louise Breslau, La chanson enfantine
La chanson enfantine
1898
Louise Breslau, La toilette
La toilette
1898
Huile sur toile
62,2 x 65,4 cm
Louise Breslau, Le thé de cinq heures
Le thé de cinq heures
1883
Huile sur paneau

Sources :

Catherine Gonnard, Élisabeth Lebovici : Femmes artistes / artistes femmes, Paris, Ed. Hazan 2007

Bibliographie :

Catalogue d'exposition Louise Breslau de l'impressionisme aux années folles , Musée Cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, ed Skira 2001
Arsène Alexandre, Louise Breslau, Paris, ed Rieder, 1928
Madeleine Zilhardt, Louise Breslau et ses amis, Paris, ed. des Portiques 1932