Paris, 1 mai 1775 – Paris, 20 février 1855
Marie-Joséphine-Angélique Levol naît à Conflans-l’Archevèque, près de Paris, le 1er mai 1775. Angélique Levol est pendant les années 1790, l’élève, de Jean-Baptiste Regnault puis de Jacques-Louis David, déjà reconnut comme les chefs du courant néoclassique en France. C’est par l’intermédiaire de David qu’elle rencontre ses amis Jean-Paul Marat et Antoine Mongez, ancien prêtre, archéologue et numismate qui deviendra administrateur de la Monnaie de Paris entre 1804 et 1826. En 1792 elle se marie avec Antoine Mongez. Fait curieux, le couple se marie à trois reprises. Mongez, encore religieux, mais empressé de s’unir avec celle qui selon le baron Walckenaer, « devait faire le bonheur et la gloire de sa vie », n’attend pas que le Pape lui en donne la permission, ni même que la nouvelle république ouvre des registres civils. Le 9 juin 1792 il se présente avec sa future épouse devant l’officier municipal qu’il a fait assigner à cet effet, et fait publiquement une déclaration de mariage, aussitôt consignée au procès-verbal de la séance. Lorsque la loi détermine les nouvelles formes de l’état-civil, Mongez se conforme à tout ce qu’elle exige et le 1er juillet 1793 se présente de nouveau devant un officier d'état-civil. Bien plus tard, un bref du Pape l’autorise à se marier conformément aux canons de l’Église ; ce qu'il fait, le 26 octobre 1814, dans sa paroisse de Saint-Germain-des-Prés.
Angélique Mongez expose au Salon pour la première fois en 1802 et y expose jusqu’en 1827. Au Salon de 1804, elle reçoit l’unique médaille d’or de première classe, ainsi qu’une autre en 1827. Elle est la première femme à exposer un tableau d’Histoire de grandes dimensions au Salon. Dans la hiérarchie des genres, la peinture d’Histoire était alors la plus importante, car elle était jugée seule capable d’instruire et d’élever l’esprit. Or, l’étude du nu, en théorie inaccessible aux femmes, est la base même des tableaux d’Histoire aux sujets mythologiques. De ce fait, ils étaient réservés aux hommes. Astyanax arraché à sa mère, tableau qu’elle expose au Salon de 1802 provoque beaucoup de débats parmi les critiques.
En 1806, elle expose au Salon Thésée et Pirithoüs, tableau de grandes dimensions acheté par le prince Youssoupoff, grand collectionneur de tableaux français néo-classiques. La toile est ouvertement critiquée en raison de la nudité des deux personnages. Femme et peintre d’Histoire étaient alors jugés incompatibles ; la pudeur des femmes l’exigeait. Plusieurs critiques pensaient même qu’Angélique Levol devait arrêter de peindre des sujets historiques et se consacrer exclusivement à des thèmes plus convenables à son sexe, ce qu’elle refuse et continue d’en peindre et de les exposer au Salon. Mais les critiques, acerbes perdurent.
Ses tableaux d’Histoire contribuent à faire persévérer Antoine Mongez dans une orientation de recherche qu’il a entreprise depuis longtemps sur les costumes et habillements. Son mari prépare scientifiquement ce qu'elle peint. En retour, elle illustre 380 figures du Dictionnaire d’Antiquité dont son mari écrit le texte. Son art évolue au fil du temps, se détachant de celui de David pour se rapprocher du style qu’adoptera également Ingres.