Anne Vallayer-Coster

Anna Vallayer-Coster
Portrait d’Anne Vallayer-Coster
Alexander Roslin
1783
Huile sur toile, 74 × 60 cm
Crocker Art Museum, Sacramento

1744 - 1818

Anne Vallayer-Coster est née le 21 décembre 1744 à Paris. Son père, Louis Joseph Vallayer, travaille pour le roi et loge à l’époque de la naissance d’Anne à l’Hôtel royal des Gobelins, qui abrite une manufacture royale de meubles et de tapisseries. Sa sœur, Simone Adélaïde, née en 1751, a pour marraine Madeleine Basseporte, miniaturiste et dessinatrice attachée au jardin royal des plantes et chargée de représenter les végétaux royaux sous forme de dessins ou d’aquarelles. Madeleine Basseporte, qui enseigne le dessin aux filles de Louis XV. Elle grandit donc dans une famille d'artisans entretenant des liens avec des artistes et des personnalités de la cour, ce qui sera important au moment où elle veut commencer une carrière de peintre. On ne sait que très peu de choses sur son enfance et de son éducation. Elle suit les cours de Madeleine Basseporte ainsi que du beaucoup plus prestigieux Claude Joseph Vernet, grand paysagiste, membre de l’Académie royale de peinture et sculpture et chargé par le roi Louis XV de peindre les principaux ports de France. Cet encadrement de haut niveau et les dons exceptionnels de la jeune Anne la conduisent très vite au succès. Elle est admise à l’Académie royale de peinture et de sculpture le 28 juillet 1770 en tant que peintre de natures mortes. Elle a seulement 26 ans.

Elle est une des rares femmes à être admise comme membre. Son morceau de réception, Les attributs des arts, est une nature morte en hommage à l'institution dont elle souhaite devenir membre. Mais en regardant plus attentivement, on s'aperçoit qu'il s'agit de plus que cela. La nature morte occupait le dernier rang dans hiérarchie des genres et ceux qui la pratiquaient était considérés comme des artisans et non comme de vrais artistes. En donnant une dimension allégorique à sa nature morte, elle revendique un statut d’artiste à part entière. Pour personnifier la sculpture, elle ne suit pas la tradition, qui veut qu'on choisisse une femme pour représenter un art, mais le moulage en plâtre d'un nu masculin classique. Or les femmes artistes étaient interdites de nu masculin et par conséquent de peinture historique, le grand genre par excellence, qui supposait des modèles masculins. Elles étaient réduites aux genres mineurs comme la nature morte et le portrait, puisque la peinture d'histoire supposait de peindre des modèles masculins dénudés. Qu'une femme choisisse de représenter ce type de plâtre peut donc passer pour un acte de revendication égalitaire. En haut du tableau et opposé à la sculpture en modèle réduit, se trouve un buste de femme, mais cette fois-ci en grandeur nature, ce buste de style moderne et inachevé, car recouvert d'un linge humide, est en fait un autoportrait caché.

Dès lors, Anne Vallayer expose régulièrement ses natures mortes au Salon. Elles rencontrent un grand succès. Ainsi, au Salon de 1771, où elle expose son morceau de réception, Diderot écrit à son propos :
« Mademoiselle Vallayer nous étonne autant qu’elle nous enchante. C’est la nature rendue ici avec une force de vérité inconcevable, et en même temps une harmonie de couleur qui séduit. Tout y est bien vu, bien senti ; chaque objet a la touche de caractère qui lui est propre ; enfin nul de l’École française n’a atteint la force du coloris de Mlle Vallayer, ni son fini sans être tâtonné. Elle conserve partout la fraîcheur des tons et la belle harmonie. Quel succès à cet âge ! Et pourquoi faut-il que ses grands talents soient autant de reproches que son âge et son sexe font à notre faiblesse ? »

Elle réalise également des portraits qui suscitent un moindre enthousiasme à l’époque, mais laisse apparaître une grande sensibilité de portraitiste.
Le 21 avril 1781 Marie Antoinette signe le contrat de mariage entre Anne Vallayer et Jean-Pierre-Sylvestre Coster, avocat au Parlement et receveur général. Il s’agit d’un riche mariage représentant pour l’artiste une importante promotion sociale. Le couple reçoit, également par l'entremise de la Reine, un grand appartement au Louvre, précédemment occupé par La Gazette de France. La reine était la protectrice d’Anne Vallayer depuis 1779, l'année où Anne Vallayer montra au Salon, l'exposition biennale de l'Académie entre autres un buste d'une jeune vestale faisant partie de la collection de Marie Antoinette.
En réponse aux incessantes critiques négatives qu'elle reçoit à partir de 1789, sous forme de comparaisons avec d'autres peintres de son époque, telles que Elisabeth Vigé Lebrun et Adélaïde Labille-Guiard, elle abandonne définitivement le portrait.

La révolution pose pas mal de problèmes à Vallayer qui reste fidèle à la reine. Après avoir exposé à tous les Salons de 1771 à 1789, elle n'expose aucun tableau entre 1790 et 1795. Bien qu'elle n'a jamais émigré, elle passe au moins une partie de ses années tumultueuses à Villemomble située à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Paris. Entre 1795 et 1817 elle expose de nouveau, mais de façon sporadique.

Anne Vallayer-Coste meurt à Paris, le 27 février 1818.

Anne Vallayer-Coster, Les atributs des arts
Les attributs des arts
1769
Huile sur toile - 121 x 90 cm
Musée du Louvre, Paris
Anne Vallayer-Coster, Panaches de mer, lithophytes et coquilles
Panaches de mer, lithophytes et coquilles
1769
Huile sur toile - 97 cm x 130 cm
Anne Vallayer-Coster, Portrait d’une violoniste
Portrait d'une jeune violoniste
1773
Huile sur toile - 116 x 96 cm
Nationalmuseum, Stockholm, Suède
Anne Vallayer-Coster, Portrait d’une femme âgée avec sa fille
Portrait d’une femme âgée avec sa fille
Vers 1775
Huile sur toile - 137 cm x 171 cm
The Bowes Museum, Barnard Castle, Angleterre

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Images Analyses : Les attributs des arts par Christophe Genin